A Berlin, la rentrée politique devait pourtant marquer un nouveau départ. Le gouvernement voulait faire oublier les nuages qui s’amoncellent sur l’économie, les inquiétudes sur la compétitivité du pays et les querelles incessantes au sein de la coalition tripartite qui minent depuis des mois le bilan de l’exécutif.
Las ! Deux impairs humiliants ont, en quelques jours, suffi à doucher les bonnes résolutions : le voyage entrepris en Australie et en Nouvelle-Zélande par la ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a été interrompu, puis carrément annulé le 15 août… à cause d’une panne de l’avion gouvernemental. Le 16 août, un plan d’allégements d’impôt pour les entreprises, proposé par le ministre des finances libéral, Christian Lindner, a été bloqué par la ministre écologiste de la famille, Lisa Paus.
Il faudra faire mieux pour dissiper la morosité qui s’est abattue sur le pays. « On a l’impression d’être en 2002 », confiait, mi-juillet, un responsable social-démocrate proche du gouvernement, déjà aux affaires à l’époque. La croissance était alors anémique, le pays comptait 5 millions de chômeurs, la réunification pesait lourd sur le budget de l’Etat et l’industrie souffrait de graves problèmes de compétitivité. « Je crains que nous ne retombions dans une tendance typiquement allemande à nous autoflageller et à broyer du noir », poursuit ce responsable, inquiet de voir la progression du parti d’extrême droite AfD, à plus de 20 % dans les sondages.
Depuis quelques semaines, la peur du décrochage est lisible partout. « Made in Germany, c’est fini ! » lançait l’hebdomadaire Die Zeit le 3 août. « Au secours, notre économie s’effondre ! » titrait Bild, le quotidien le plus lu du pays, le même jour. « Le succès de l’Amérique est le déclin de l’Allemagne », renchérissait Die Welt, le 16 août.
Production industrielle en repli
Principale raison de cette déprime : la stagnation de l’économie au printemps, après deux trimestres de croissance négative, qui a refroidi les espoirs d’une reprise vigoureuse de l’économie à l’été, une fois passé le choc énergétique de l’hiver. Cette stagnation pourrait se transformer en vraie récession si les chiffres définitifs de la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre, publiés vendredi 25 août, basculaient dans le négatif.
De son côté, le Fonds monétaire international anticipe désormais une récession (– 0,3 %) en 2023, et place l’Allemagne dernière du classement des grandes économies, derrière les Etats-Unis, l’Italie et la France. En cause, l’inflation toujours élevée (6,2 % en juillet, contre 5,3 % en zone euro), qui pèse sur la consommation. La production industrielle est en repli et la construction en chute libre, sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de la cherté des matières premières. Quant à l’industrie automobile, elle subit une concurrence sur le véhicule électrique bien plus agressive qu’anticipé.
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